La reconstruction mammaire fait actuellement partie intégrante du traitement du cancer du sein. Elle doit être systématiquement proposée chaque fois qu’elle est possible.
À quel moment du parcours de soins peut-on réaliser la reconstruction mammaire ?
La reconstruction mammaire peut intervenir dans le même temps que l’ablation du sein (reconstruction mammaire immédiate – RMI) ou à distance (reconstruction mammaire différée – RMD)
La reconstruction mammaire différée peut être débutée à 2 ou 3 mois après la mastectomie si aucun traitement adjuvant n’a pas été recommandé. Par contre il faut attendre approximativement 1 an (3 mois d’après certains équipes) après la fin de la radiothérapie, si elle a été indiquée. Pendant cette période le massage de la cicatrice de mastectomie peut faciliter la reconstruction.
En quoi consiste la reconstruction mammaire ?
La chirurgie reconstructrice du sein a trois buts : la reconstruction du volume, la symétrisation du sein controlatéral et la reconstruction de l’aréole et du mamelon.
La reconstruction du volume
On distingue plusieurs méthodes de reconstruction.
- Les reconstructions avec prothèse : elles font appel aux prothèses mammaires définitives précédés ou pas par des prothèses d’expansion. Elles peuvent être associées aux lambeaux. L’échéance du délai de 10 ans chez une femme porteuse de prothèse mammaire aux normes CE n’est pas synonyme d’indication chirurgicale de révision et/ou de remplacement d’implant. L’utilisation de prothèses mammaires à surface lisse est actuellement recommandée par l’ANSM.
- Les reconstructions sans prothèse (techniques autologues) : elles font appel aux transferts de vos propres tissus comme des lambeaux pédiculés (TRAM, grand dorsal, etc.) ou libres aux dépens de l’abdomen (DIEP – Deep Inferior Epigastric Perforator flap), de la cuisse (TMG – Transverse Myocutaneous Gracilis ou TUG – Transverse Upper Gracilis, PAP – Posterior Artery Perforator) ou de la fesse (beaucoup moins utilisé maintenant). Les reconstructions autologues peuvent également faire appel au transfert de graisse
Chaque méthode a des avantages et des inconvénients. Ils vous seront expliqués en détail au cours de la première consultation avec le chirurgien reconstructeur.
La symétrisation du sein controlatéral
La symétrisation du sein controlatéral a pour but d’harmoniser le volume et la forme de deux seins. Elle est réalisée en même temps avec la reconstruction du volume ou quelques mois après pour laisser au sein reconstruit le temps de prendre sa place naturelle. Les méthodes utilisées sont les méthodes classiques de plastie mammaire (réduction, péxie, augmentation mammaire par prothèse ; actuellement, en France, l’augmentation du sein controlatéral par transfert de graisse autologue dans le cadre du cancer de sein est interdite).
La reconstruction de l’aréole et du mamelon
La reconstruction de l’aréole et du mamelon est faite soit au cours de l’intervention de symétrisation du sein controlatéral, soit quelques mois après.
- L’aréole est reconstruite par greffe de peau totale prélevée au niveau inguinal ou par tatouage
- Le mamelon est reconstruit par un modelage cutané local, par une greffe du mamelon controlatéral (lorsqu’il est volumineux), d’oreille ou d’orteil ou par tatouage pur (trompe l’œil).
Combien de temps pour une reconstruction complète ?
La reconstruction mammaire est réalisée pendant une période d’approximativement 1 an au décours de 2 ou 3 interventions (le plus souvent), voire plusieurs si la technique de reconstruction par transfert de graisse autologue a été choisie. L’intervalle minime entre 2 interventions est de trois mois.
Combien ça coûte ?
Les interventions de reconstruction mammaire sont prises en charge par la sécurité sociale. Toutefois, en consultation privée, les honoraires peuvent dépasser le taux de remboursement de la CPAM. Votre complémentaire santé (mutuelle) peut éventuellement rembourser tout ou une partie du reste à charge selon le contrat que vous avez souscrit.
Que faut-il faire avant une intervention de reconstruction mammaire ?
- Avoir 1 ou 2 consultations de chirurgie et une consultation d’anesthésie.
- Arrêt strict du tabac 1 à 2 mois avant l’intervention pour réduire le risque de nécrose cutanée
- Adaptation des traitements préexistants selon la prescription de l’anesthésiste.
- Il est recommandé d’interrompre le tamoxifène et les inhibiteurs d’aromatase pour une période de 2 à 3 semaines. Ceci pourrait limiter les complications postopératoires.
Quels sont les risques ?
Comme toutes interventions chirurgicales, les interventions de reconstruction mammaire comportent des risques :
- liés à l’anesthésie, qui vous seront expliqués par le médecin anesthésiste lors de votre consultation d’anesthésie
- liés à la chirurgie elle-même, qui vous seront expliqués par le chirurgien lors de votre consultation de chirurgie. On peut noter des complications communes à toutes les méthodes de reconstruction (hématome, infection, désunion, nécrose cutanée, etc.) ou spécifiques aux certaines interventions (comme celles liées aux prothèses mammaires – coque, rupture, etc.)
Quelle que soit l’intervention, les cicatrices sont constantes et inévitables. Le choix de la méthode de reconstruction tient compte aussi de votre désir d’avoir ou pas des cicatrices ailleurs qu’au niveau du sein reconstruit. Par exemple la reconstruction du sein par prothèse, plus simple, nécessite une reprise de la cicatrice de mastectomie. La reconstruction du volume par transfert de graisse autologue nécessite la réalisation de plusieurs petites cicatrices de 2 à 5 mm qui nous permettent l’aspiration et l’injection des cellules adipocytaires. Les méthodes plus complexes, par des lambeaux pédiculés ou libres, laissent des cicatrices plus ou moins longues au niveau du dos, de l’abdomen ou des cuisses. Elles sont, en général, facilement cachées par les sous-vêtements. L’aspect final des cicatrices est imprévisible et ne doit pas être jugé avant 12 mois.
La reconstruction mammaire est un choix personnel. Votre chirurgien reconstructeur sera là, lors de la consultation, pour vous guider et vous aider à faire le meilleur choix, en fonction de votre souhait, de votre morphologie et de vos antécédentes médicales et chirurgicaux.